Mme Laurette Onkelinx, vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique. – Je suis bien entendu au courant de l’étude initiée par le Conseil supérieur de la santé sur les troubles de la conduite chez les enfants et les adolescents. Comme vous le savez certainement, monsieur Elsen, il s’agit d’une initiative propre au Conseil supérieur. Cet organe indépendant dispose de toute liberté pour mener des études et donner des avis sur les matières relevant de sa compétence. Le ministre peut notamment lui demander d’effectuer des études, mais il peut aussi prendre certaines initiatives. Selon les informations dont je dispose, l’étude sur les "troubles de conduite chez l’entant et l’adolescent" est un projet réalisé à l’initiative du professeur Pelc, président de la section Santé mentale du CSS. Ce projet a débuté en mai 2007 et se terminera probablement, selon les éléments apportés par le secrétariat du conseil, fin 2008. Ce secrétariat m’a informée du fait que le groupe de travail est en train d’inventorier des documents, des recherches, des programmes de prévention, d’intervention, de prise en charge, d’assistance ou de traitement liés aux troubles de conduite chez les enfants et les jeunes en menant une enquête auprès des différentes universités. Les experts ont été choisis en fonction de leur expertise dans le domaine de l’institution et/ou université pour laquelle ils travaillent. Sachez que j’ai effectivement été interpellée à ce propos par le collectif forumpsy.be, que j’ai d’ailleurs déjà rencontré jeudi dernier pour écouter ses inquiétudes et recommandations à ce sujet. Sans me prononcer sur le contenu de cette étude, toujours en cours actuellement, et tout en considérant et respectant le professionnalisme et le sérieux du travail du conseil, j’ai entendu que la critique fondamentale portait sur le fait même d’avoir choisi de mener une étude sur les troubles de conduite, concept qui traduit et implique une vision de l’homme et de sa santé mentale. J’ai indiqué à cet effet aux représentants du collectif que je souhaitais apprécier toutes les conceptions s’exprimant autour de cette thématique, soit dans le cadre de cette étude, en demandant par exemple un complément d’étude, soit par le biais d’une autre formule de concertation avec l’ensemble des acteurs du secteur, sans privilégier à ce stade une approche particulière. Néanmoins, sachez que je ne partage évidemment pas toutes les théories voulant conditionner définitivement l’être humain dès sa naissance. Je ne puis en aucun cas souscrire à celles qui veulent confirmer l’existence de signes prédictifs de délinquance à partir des troubles et des problèmes de comportement ou d’attitude dès la petite enfance. Enfin, comme c’est le cas pour tous les avis du CSS, une fois élaboré et approuvé par le groupe de travail, l’avis doit être validé par le collège, organe décisionnel du conseil. Les avis me sont ensuite envoyés et je suis alors entièrement libre de retenir ou rejeter l’avis et les recommandations. Par ailleurs, nul n’est bien évidemment tenu de suivre les recommandations édictées par le conseil, qui constituent un avis, certes scientifique, mais non contraignant au plan décisionnel. Bien entendu, le législateur peut encore décider de transformer des recommandations en législation, ce qui, à l’heure actuelle, n’est pas à l’ordre du jour. |